Nuage

J'ai vécu des années à regarder la laideur autour de moi.

Pendant dix ans, la vie ne m'a pas en effet offert beaucoup de belle chose à admirer, et tout particulièrement dans le regard des hommes. Malheureusement, la vieillesse bien plus généreuse m'apporte son « sacs de misères». Dans celui-ci il y en a une que je porte de plus en plus lourdement de jour en jour, elle s'appelle, cataracte. Alors maintenant que ma vue décline, je n'ai plus de temps à perdre pour « voir » enfin un monde meilleur où l'homme se comporterait enfin à mon égard en … « humain. »

Aujourd'hui, je pris le stylo et même si l'écriture de cette lettre est difficile puisqu'elle me renvoie de ligne en ligne un peu plus encore vers mon handicap, je veux absolument aller jusqu'à son terme.
Je n'en veux pas à la « maladie » même si je trouve qu'elle est la plus grande des injustices sur terre, mais à l' « amour » qui n'a jamais su me trouver. Pourtant, j'ai depuis toutes ces années multiplié les efforts pour qu’il me remarque, pour qu'il me trouve digne de lui. Mais voilà, être un bichon pure race et avoir toutes les qualités que l'on peut demander à un compagnon n'ont apparemment pas suffi pour qu'il daigne s'intéresser à moi.

Comme je l'ai écrit, cette lettre est vraiment pénible à rédiger à cause de mes problèmes de vue, mais surtout parce que cela me fait mal d'avoir à admettre être passé à côté de « ma vie. » Mon cœur est resté désespérément vide alors que sa capacité de stockage est immense, quel malheur, quel gâchis … Malgré cela il faut absolument que je reste positif et je dois croire en l'avenir. Après tout, dix ans ce n’est pas vieux, l'amour a encore pas mal d'années pour me mettre la main dessus !

Mais peut être que c'est vous qui êtes en train de lire cette lettre, l'amour que j'espère tant ? Vous m'avez peut être enfin trouvé ? Alors si tel est le cas, venez me voir au refuge car même si je ne vous ai jamais vu … Je saurais vous reconnaitre.