L'Afrique, la
première fois que j'en ai entendue parler je ne savais même pas ce que
c'était. Pour moi, c’était simplement une « chose » qui se trouvait loin
de notre maison. Ensuite, à force d'entendre mes maîtres en parler
comme de quelque chose de magnifique où toute la famille y vivrait
heureuse, j'ai cru que c'était comme une sorte de belle histoire
racontée aux enfants pour les endormir,
un conte dit d’une voix apaisante que les « petits » du foyer aimaient
tant le soir venu et que je ne me privais pas d’écouter. L'Afrique,
forcément cela ne pouvait être qu'un endroit « rêvé » un pays «
imaginaire » car comment croire une seconde qu'il y ait un endroit sur
terre où nous pourrions vivre de plus belles choses que dans notre
foyer, cela me paraissait inconcevable, irréel.
Puis plus les
semaines passaient, plus mes maîtres en parlaient sérieusement pendant
que les enfants dormaient. Je voyais bien aussi qu’ils étaient happés
par tout un tas de papiers et que les rêves et les histoires de
princesses n'avait rien à voir avec cela. Un matin après ma balade
quotidienne avec mon maître j'ai vu des valises dans l'entrée, j'ai
compris alors que c'était le jour du départ … Mais j'ai immédiatement
ressenti une appréhension en regardant les membres de la famille en
pleurs qui venaient vers moi pour des centaines de caresses puis en
voyant mon maître me garder en laisse.
Arrivée au refuge, je me
suis dit : « c'est ici le pays merveilleux ? », je n’ai pas compris
pourquoi seul mon maître faisait le voyage avec moi, pourquoi le reste
de la famille était resté à la maison. J'ai saisi seulement au moment où
j'ai vu mon maître franchir la porte du refuge en me regardant une
dernière fois, que l'Afrique devait exister … mais que je ne la verrais
jamais et que c'était l'heure des adieux. J'étais donc un bagage
encombrant ? Non car je connais l'amour de cette famille pour moi, le
temps passé à m’éduquer afin que je sois calme à la maison et en
voiture, gentille avec tout le monde... Il n'y avait donc qu'une seule
explication : l'Afrique était interdite aux chiens.
Je me suis
retrouvée très vite sonnée, désemparée et je suis devenue un « objet
perdu » au milieu de tous ces bruits et aboiements de chiens. Je ne
supporte plus l'enfermement, le bruit, le manque de sommeil. Aujourd'hui
je suis une chienne très stressée qui vit dans mon monde, réfugiée dans
ma bulle bien à l’abri des abandons. Lorsque je sors de cet état, je
suis envahie par la panique, je tourne en rond… je cherche à tout prix
un objet pour me rassurer. Mais grâce au dévouement d'une bénévole du
refuge qui me sort très régulièrement, me stimule, m’encourage, je vais
un peu mieux. Je m’intéresse de nouveau un peu au monde qui m’entoure
et je retrouve mes réflexes de chien, comme renifler, « marquer » les
endroits où je me balade ... Je suis même quelquefois demandeuse de
caresses ! Si un jour j'ai la chance de nouveau d’être heureuse je le
lui devrai d'une certaine manière.
Hélas, je ne suis pas
sociable avec mes congénères, et mon agitation lorsque je sors de mon
repli protecteur ferait peur à un chat même le plus curieux. Il me
faudrait par conséquent un environnement calme, serein, sans enfants et
sans animaux, où mes futurs maîtres seraient très présents, patients
pour me stabiliser, me redonner des repères et le gout à la vie moi qui
n'ait jamais perdu l'amour pour les humains.
Vous voyez mon
périple pour cette « Afrique » est loin d'un conte de fée, mais j'ai
malgré tout voulu vous le raconter pour vous faire comprendre que j'ai
besoin de vous pour laisser ici mes lourdes valises de souffrances ...
afin de repartir pour le plus beau des voyages, celui qui mène à votre
cœur.
Adoptée !
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