mercredi 23 mai 2012

Diam's


L'Afrique, la première fois que j'en ai entendue parler je ne savais même pas ce que c'était. Pour moi, c’était simplement une « chose » qui se trouvait loin de notre maison. Ensuite, à force d'entendre mes maîtres en parler comme de quelque chose de magnifique où toute la famille y vivrait heureuse, j'ai cru que c'était comme une sorte de belle histoire racontée aux enfants pour les endormir, un conte dit d’une voix apaisante que les « petits » du foyer aimaient tant le soir venu et que je ne me privais pas d’écouter. L'Afrique, forcément cela ne pouvait être qu'un endroit « rêvé » un pays « imaginaire » car comment croire une seconde qu'il y ait un endroit sur terre où nous pourrions vivre de plus belles choses que dans notre foyer, cela me paraissait inconcevable, irréel.

Puis plus les semaines passaient, plus mes maîtres en parlaient sérieusement pendant que les enfants dormaient. Je voyais bien aussi qu’ils étaient happés par tout un tas de papiers et que les rêves et les histoires de princesses n'avait rien à voir avec cela. Un matin après ma balade quotidienne avec mon maître j'ai vu des valises dans l'entrée, j'ai compris alors que c'était le jour du départ … Mais j'ai immédiatement ressenti une appréhension en regardant les membres de la famille en pleurs qui venaient vers moi pour des centaines de caresses puis en voyant mon maître me garder en laisse.

Arrivée au refuge, je me suis dit : « c'est ici le pays merveilleux ? », je n’ai pas compris pourquoi seul mon maître faisait le voyage avec moi, pourquoi le reste de la famille était resté à la maison. J'ai saisi seulement au moment où j'ai vu mon maître franchir la porte du refuge en me regardant une dernière fois, que l'Afrique devait exister … mais que je ne la verrais jamais et que c'était l'heure des adieux. J'étais donc un bagage encombrant ? Non car je connais l'amour de cette famille pour moi, le temps passé à m’éduquer afin que je sois calme à la maison et en voiture, gentille avec tout le monde... Il n'y avait donc qu'une seule explication : l'Afrique était interdite aux chiens.

Je me suis retrouvée très vite sonnée, désemparée et je suis devenue un « objet perdu » au milieu de tous ces bruits et aboiements de chiens. Je ne supporte plus l'enfermement, le bruit, le manque de sommeil. Aujourd'hui je suis une chienne très stressée qui vit dans mon monde, réfugiée dans ma bulle bien à l’abri des abandons. Lorsque je sors de cet état, je suis envahie par la panique, je tourne en rond… je cherche à tout prix un objet pour me rassurer. Mais grâce au dévouement d'une bénévole du refuge qui me sort très régulièrement, me stimule, m’encourage, je vais un peu mieux. Je m’intéresse de nouveau un peu au monde qui m’entoure et je retrouve mes réflexes de chien, comme renifler, « marquer » les endroits où je me balade ... Je suis même quelquefois demandeuse de caresses ! Si un jour j'ai la chance de nouveau d’être heureuse je le lui devrai d'une certaine manière.

Hélas, je ne suis pas sociable avec mes congénères, et mon agitation lorsque je sors de mon repli protecteur ferait peur à un chat même le plus curieux. Il me faudrait par conséquent un environnement calme, serein, sans enfants et sans animaux, où mes futurs maîtres seraient très présents, patients pour me stabiliser, me redonner des repères et le gout à la vie moi qui n'ait jamais perdu l'amour pour les humains.

Vous voyez mon périple pour cette « Afrique » est loin d'un conte de fée, mais j'ai malgré tout voulu vous le raconter pour vous faire comprendre que j'ai besoin de vous pour laisser ici mes lourdes valises de souffrances ... afin de repartir pour le plus beau des voyages, celui qui mène à votre cœur.

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